Espace privilégié de toutes les modernités, la cité phocéenne n’a cessé, au long de son histoire, de relever des défis. Marseille a toujours été une terre fertile en innovation ; tout le monde connaît par exemple la Cité Radieuse de Le Corbusier, ou la carte SIM développée par GemPlus, mais connaît moins l’inter- féromètre Fabry-Perot. Cette découverte sur la Canebière révélera le laser avec de nouvelles applications telles que la mesure de la couche d’ozone mais aussi une avancée majeure pour aboutir à la fibre optique.
Par sa population, Marseille constitue aujourd’hui la deuxième commune de France et la troisième agglomération. A partir du 1er janvier 2016, où elle est devenue la deuxième métropole de France après le Grand Paris, elle est aussi devenue la capitale du Sud : un pôle incontournable, qui rayonne sur l’axe afro-méditerranéen.
Forte de ses 2600 ans d’histoire, Marseille est une ville en pleine croissance, dont chacun reconnaît, en France comme à l’étranger, qu’elle s’est profondément transformée en 25 ans. Elle bénéficie d’une forte attractivité, gage de nombreux développements en cours et à venir. Or, l’un des principaux atouts de Mar- seille, celui qui caractérise le mieux la transformation de la ville en ce début de siècle, c’est l’innovation. Une innovation bien spéciale, différente de ce qui se développe dans d’autres métropoles où la technologie est reine. Marseille est terre d’innovation tech- nique, mais aussi sociale et culturelle. C’est ce melting-pot de l’inventivité qui, pour nous, est un gage d’avenir sans pareil.
Avec la fusion des trois universités d’Aix-Marseille, notre territoire est désormais le deuxième pôle de recherche publique en France. La filière maritime, qui emploie 43 000 personnes dans le département dont 13 000 sur Marseille, alimente évidemment l’innovation. Le J1 nouveau quartier de la Joliette, incarné par le Mucem et le nouvel écoquartier Euroméditerranée, constituent autant d’opportunités pour la ville et la métropole.
Aix Marseille Provence, une métropole présidée par Martine Vassal depuis septembre 2018, réélue en juillet 2020 et en juillet 2021 à la tête du Conseil Départemental a donc de multiples atouts pour affirmer une ambition de Territoire Numérique.
L’enjeu est celui de l’attractivité et de la compétition avec d’autres territoires, il serait illusoire de le nier. Dans le monde entier, le numérique est l’occasion de nombreuses initiatives, et ce depuis une quinzaine d’années. Ce mouvement s’est dernièrement accéléré, à la faveur du nomadisme digital, des outils de gestion numérique des services urbains, et d’une nouvelle prise de conscience environnementale. Les territoires cherchent donc à s’approprier les transformations permises par le numérique sur l’ensemble des métiers et des services urbains, mais aussi dans la relation avec le citoyen. Il s’agit aussi d’une bataille de marketing territorial dans laquelle ces territoires mettent en valeur leur dynamisme, leur modernité et leur proximité avec les habitants. Barcelone, Nice, Montpellier, Bordeaux ou encore Lyon se sont fortement positionnées dans ce sens sur le segment de la ‘‘Smart city’’. Marseille a de forts atouts différenciateurs par rapport à ces villes, notamment dans la fabrication d’équipements et composants, la micro-électronique et les activités de réseaux et services télécom, mais aussi dans la création de contenus.
La deuxième ville de France est donc bien placée pour devenir une référence en matière de numérique, et la Métropole Aix-Marseille Provence compte bien jouer un rôle d’accélérateur dans ce domaine.
Au carrefour de la Méditerranée, Marseille présente un profil atypique et prometteur : un ADN high-tech à fort potentiel économique avec 40 000 emplois dans la filière numérique, 7000 entreprises, 8 milliards d’euros de chiffre d’affaires, avec des champions locaux sur le numérique (parmi les plus emblématiques on peut citer STMicroelectronics, Interxion, Jaguar Network, Voyage Privé). Ces locomotives sont très investies autour de projets structurants et des cinq piliers de la dynamique French Tech : les Smart Cities, le Big Data, le cloud, l’e-santé, le marketing digital- audiovisuel et les objets connectés.
De son côté, Aix-Marseille Université ne constitue pas moins que la plus grande université francophone au monde, avec ses 74 000 étudiants et ses chercheurs réputés. Tout l’écosystème bénéficie de la position centrale de Marseille : convergence des câbles optiques sous-marins reliant le bassin méditerranéen à l’Afrique et l’Asie, hébergement de nombreux datacenters, liens privilégiés avec les pays du bassin méditerranéen… Autant d’atouts qui font de Mar- seille une ville euro-méditerranéenne tournée vers l’international.
Les infrastructures sont favorables aux porteurs de projets et au développement des start-ups, grâce à un tissu associatif très dense et créatif et de nombreux lieux d’excellence, du Technopôle Château Gombert au Pôle Média Belle de Mai en passant par les Fab Labs, incubateurs, pôles de compétitivité, centres de co-working, et autres tiers-lieux intégrant la médiation numérique avec le Réseau des ERIC. Ces lieux d’accélération contribuent à créer une culture entrepreneuriale forte :
Pour la quatrième année consécutive en septembre 2019, ce sont plus de 2000 start-ups et dirigeants du numérique qui se sont réunis à l’occasion de la soirée d’ouverture des cinquièmes French Tech Weeks, un événement, le grand opening qui anime la communauté numérique du territoire à travers une trentaine d’opérations pendant un mois entier chaque année.
En septembre 2021, après une année d’interruption suite à la Covid-19, Sté- phanie Ragu, nouvelle présidente de Medinsoft a réussi le pari de réunir près de 2 000 personnes au Grand Opening. Mais outre ces évolutions spectaculaires et visibles sur le plan des moyens et des infrastructures, c’est bien dans la volonté politique de faire de Marseille une ville numérique, 100 % ‘‘smart’’ car attachée aussi à ses racines humaines, que réside le meilleur atout de la ville. En effet, si la ville du 20ème siècle fonctionnait au pétrole et à l’électricité, celle du 21ème siècle a déjà pour carburant les données numériques. Et s’il est essentiel d’améliorer la qualité de vie des habitants et d’optimiser les res- sources naturelles, l’enjeu, lui, reste de saisir cette opportunité pour stimuler la croissance économique. Mutation urbaine et révolution numérique vont de pair. À l’heure de l’hyper-technologie, il est devenu impossible de dissocier ces deux aspects. Mutation urbaine et révolution numérique sont naturellement devenues ensemble des priorités absolues de notre pro- jet. Face aux enjeux considérables dont elles sont porteuses, il est indispensable de fédérer toutes les énergies.
Sur ce point, Thecamp, dont je parlerai plus loin, a su réunir acteurs publics et privés dans une même dynamique. Cette synergie, emblématique du pro- jet en soi, est essentielle pour bâtir un projet numérique futuriste et humaniste à la fois.
Pour Marseille, cette transition numérique ne peut être, par définition, que transversale, car elle va modifier profondément l’organisation de la vie économique, sociale et sociétale, ainsi que la vie personnelle de nos concitoyens.
Il en va de notre développement, de notre croissance, de l’avenir économique de la deuxième ville de France, dont l’ambition est de devenir à très court terme une ville durable et intelligente, avec ses habitants. Cette dynamique intègre volontairement une démarche de co-construction avec nos habitants. C’est pourquoi nous étions mobilisés depuis déjà plusieurs années sur ces enjeux du numérique, avec des résultats bien connus aujourd’hui :
- L’attribution du label French Tech,
- Le déploiement de nouvelles infrastructures et technologies au cœur de la ville pour faciliter la fluidité et la valorisation des données,
- La création de nouveaux quartiers connectés et durables, comme l’îlot Allar
- La réalisation de bâtiments intelligents,
- L’offre de bouquets de services au- tour du transport, de la culture, du tourisme et de la citoyenneté avec le sans- contact.
Chacun de ces points a son importance, mais il ne trouve son sens que dans le souci d’améliorer la qualité de vie et les opportunités économiques disponibles auprès des habitants. Quand, à l’été 2017, nous avions équipé nos plages les plus fréquentées de connectivité numérique et de mobilier urbain innovant, c’était bien ce souci de l’usage, et de la vie quotidienne facilitée, qui ne cessait de nous guider. Ce qu’apporte le label French Tech à Marseille, ville connectée, ingénieuse et ouverte L’obtention du label French Tech a consacré Aix Marseille Provence comme un véritable hub numérique à vocation internationale.
Il nous permet, acteurs publics et chefs d’entreprises, de développer la dimension monde de notre projet. Cela passe par la conception d’une stratégie ambitieuse, innovante et structurante.
- Ambitieuse tout d’abord, car le label French Tech valorise cet écosystème qui emploie aujourd’hui 40 000 per- sonnes, compte 7 000 entreprises, 55% des emplois numériques de la Région Sud et qui réalise 8 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
- Innovante ensuite, car notre candidature commune pour l’obtention de ce label a rassemblé l’ensemble des acteurs du numérique d’Aix et Marseille, de la carte à puce au cloud, en passant par le contenu et l’audiovisuel, le e-commerce, le marketing digital et la formation.
- Aix-Marseille a aujourd’hui le leadership mondial dans le NFC et la sécurité des paiements et des transactions1.
- Structurante enfin, car le label n’est pas une fin en soi, il est une étape vers la structuration d’une filière d’excellence, le soutien aux projets d’accélérateurs et aux réseaux d’accompagne- ment, pour permettre aux créateurs de startups de trouver le meilleur environnement générateur de réussite.
Ce territoire numérique, aux atouts aussi diversifiés, est connecté aux zones de croissance et désormais on peut dire que le numérique pèse aussi lourd dans la région que le tourisme ou l’industrie portuaire !
Le label French Tech, véritable ‘‘alliance d’innovation’’ avec Aix et Mar- seille aux côtés des entrepreneurs, apporte une lisibilité inédite à l’internationalisation de notre écosystème, avec l’appui de nos territoires. Il permet aussi d’encourager les porteurs de projets et de positionner à des échelles ETI nos start-ups pour les fortifier à l’export. Et qui mieux que les entrepreneurs eux-mêmes pour venir défendre ce la- bel ? Lors des French Tech Weeks, ils sont heureux de s’exprimer et partager leurs expériences.
Ainsi pour Patrick Siri, business angel et créateur de l’un des neuf accélérateurs promis par la labellisation French Tech, il faut surtout soutenir l’amorçage des start-ups : ‘‘Sur dix investissements réalisés, on trouve généralement une pépite, cinq entreprises qui échouent et quatre qui vivotent. Il fallait arriver à retourner le marché et faire en sorte que les ratios d’investissement passent de 1/5/4 à 3/4/4. L’idée était bien de soutenir l’amorçage’’. C’est donc comme cela qu’il a donné vie à P. Factory, lancé en juin 2014, l’un des neuf accélérateurs promis par la labellisation avec ceux de Voyage Privé, Netangels, Kedge, Thecamp2. Kevin Polizzi, fondateur de Jaguar Network, opérateur et hébergeur de centres de données, a inauguré Quanta, accélérateur de dernière génération en novembre 2018. Il pense quant à lui qu’il faut œuvrer pour la transformation digitale de ses clients et investit déjà dans les jeunes pousses qu’il accompagne pour les aider à créer de la valeur, notamment en les accueillant sur un nouveau site dédié. En juillet 2021, Téléhouse, opérateur mondial de datacenters étend sa présence à Marseille en partenariat avec Jaguar Network afin de soutenir les besoins de connectivité entre les différents continents.
Ils donnent une impulsion à la digitalisation de l’économie française en ouvrant toutes les opportunités de croissance avec un large choix de services en connection directe en Europe. Le glocal, qui consiste à développer une stratégie globale au service local, prend tout son sens que ce soit dans l’internationalisation de nos entreprises ou dans notre dimension Smart City.
1 Rapport de la Direction Générale Adjointe Développement économique – DCT- Service Innovation Enseignement Supérieur Recherche – mars 2016. 2 Patrick Siri cité in la Tribune du 25 septembre 2015 – mars 2016
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