Daniel Sperling porte une réflexion sur le numérique et son impact dans nos territoires pour développer le bien-vivre ensemble. En même temps, c’est un homme impliqué doublé d’un homme d’action, dans une ville millénaire au cœur de la Méditerranée, Marseille, important carrefour culturel, économique et sociétal, qui cultive aussi la modernité.

Nous vivons aujourd’hui à la croisée d’une double menace : le changement climatique, qui cinq ans après les Accords de Paris continue à s’aggraver et la crise pandémique mondiale de la COVID-19. Nos vies sont bouleversées par leurs effets et nous devons faire face en nous interrogeant en profondeur sur nos modes de vie.

Dans les villes, la conjonction de cette double crise a fait émerger un nouveau fonctionnement dans la proximité quand lors du confinement, les déplacements ont été réduits et les achats de première nécessité ont dû être réalisés au plus près du domicile. En outre, pour éviter une propagation du virus lors de la congestion dans les transports en commun, des solutions de transports alternatives ont été mises en place rapidement. Dans le monde entier, les villes ont démontré leur agilité en déployant des centaines de kilomètres de pistes cyclables, en élargissant les terrasses des restaurants sur les places de parking, en engageant des démarches

de végétalisation dans les quartiers… L’urbanisme tactique a été un véritable outil de modification rapide et à faible coût des espaces urbains. La COVID-19 a résolument confirmé et accéléré la mise en œuvre d’une nouvelle manière de vivre, celle que nous avons appelée ‘‘la ville du quart d’heure’’ dans de nombreuses villes du monde, grâce à la redécouverte de la proximité, l’usage de mobilités actives, le renforcement de lien social et l’usage du numérique pour déployer de nouveaux usages et de nouveau services.

Avec la ville et territoires des proximités, « la ville du quart d’heure » et « le territoire de la demi-heure » nous avons proposé une reconfiguration urbaine et territoriale, faisant de l’hyper-proximité le levier d’amélioration de la qualité de vie : il s’agit d’une organisation urbaine et territoriale limitant l’impact environnemental des vies citadines par une réduction notable des déplacements carbonés, où les résidents peuvent satisfaire leurs besoins essentiels à proximité de leur domicile et qui par sa

qualité de vie suscite leur attachement et leur bien-être à leur lieu de vie. Au cœur de cette nouvelle manière de vivre, le numérique apporte une dimension nouvelle se mettant au service des citoyens pour irriguer cette hyper-proximité. Télétravail, éducation à distance, click & collect, plateformes culturelles, circuits d’économie circulaire, livraisons de dernier kilomètre, pass mobilités… etc. La liste est longue tellement les perspectives d’application sont nombreuses.

Oui, dans ces temps urbains du XXIème siècle, le siècle des villes, la vie citadine avec toutes ses perturbations est devenue massivement ubiquitaire par la puissance de la convergence de la révolution numérique et de l’Internet des objets. Notre monde urbain subit une profonde transformation qui touche tous les domaines de notre vie. L’hyperconnectivité des individus à travers ce monde diffus propose aussi une nouvelle donne, jusqu’alors inconnue. Avec l’utilisation de la technologie au service des usages des villes, nous entrons dans une nouvelle phase, porteuse d’une tendance profonde, qui est celle de réaliser des services et des utilisations radicalement nouvelles qui vont également transformer la réponse des villes et des métropoles face aux besoins vitaux et aux exigences de bien-être de ses habitants.

Les exemples pour aller au-delà en sortant de cette crise sont légion : l’inclusion sociale, la solidarité transgénérationnelle, le développement de l’économie du partage, les circuits courts et la valorisation du savoir–faire local, le développement de Fab Labs et la culture de ‘‘makers’’, les plateformes d’interaction citoyenne pour la ville, mais aussi les services liés aux réseaux électriques de nouvelle génération,

la mobilité verte, douce et multi modale, la valorisation du patrimoine, l’intelligence du transport public urbain, l’efficacité énergétique, l’éclairage public, la sécurité en ville, ainsi que les universités, l’éducation et la culture pour tous… Le point commun de ces services est une vision qui associe convergence, mutualisation, virtualisation et hybridation pour que les usages et les fonctionnalités puissent être repensés et incarnés dans une proximité heureuse.

Ainsi la culture numérique ne se résume pas à un exercice de calcul ou à la virtualisation du monde par la puissance algorithmique. Parce qu’il court-circuite tous les espaces et tous les temps, le numérique est un outil extraordinaire mais c’est lorsqu’il vient s’inscrire dans un espace socio- territorial donné, qu’il nous offre alors, j’en suis convaincu, une véritable capacité à réinventer nos vies.

Le texte de Daniel Sperling est le fruit de la réflexion d’un homme engagé pour la transformation de la vie dans la ville et le territoire, où le numérique est force de pro- position pour construire un meilleur vivre ensemble. C’est aussi le témoignage de sa passion pour innover et être acteur du changement à l‘échelle d’une grande métropole telle que Marseille. Nous avons besoin de beaucoup d’intelligences, d’hommes et de femmes engagés qui convergent dans une action où le numérique, l’innovation et la vie urbaine, nous permettront de construire d’autres horizons urbains dans ce monde en crise.